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Conflits – Quand les femmes se crêpent le chignon

Les bagarres dans la rue. On en voit souvent. Mais quand ce sont les femmes qui s’y mettent, là cela devient plus intéressant. Si bien que nul ne semble vouloir s’interposer. On préfère rester les bras croisés à apprécier le spectacle. Les rixes entre femmes deviennent de plus en plus communes. Sur l’arrêt d’autobus, au marché et autres lieux publics, elles n’hésitent pas à se crêper le chignon.

«Àcause des garçons, on se brouille pour de bon… On se presse le citron… On se crêpe le chignon ». Yelle ne croyait pas si bien dire dans sa chanson : « À cause des garçons ». En effet, la plupart des crêpages de chignon qui se passe en public a pour origine un règlement de comptes relatif à une affaire amoureuse. Quand cela devient vraiment sérieux, avec coups et blessures et que la police doit intervenir, on se demande ce qui a bien pu arriver à la femme, qui selon une croyance populaire serait « plus douce que l’homme »?

Le sociologue Rajen Suntoo explique que ce temps où les femmes étaient toutes de nature « douce » est révolu. Il affirme qu’avec la place qu’occupe la femme au sein de la société, celle-ci a pris de l’importance (sociale). Indépendante, elle travaille davantage, occupant des postes importants, dirigeant souvent des équipes d’hommes. Donc, quelque part, cette valorisation de la gent féminine contribue indirectement à les rendre « machos ».

Les causes
« Les bagarres entre femmes peuvent avoir divers motifs. La plupart du temps, il s'agit d’une jalousie, de conflits personnels, de relations avec un homme. Rencontrant cette personne avec qui elle ne s’entend pas bien, la femme n’hésite plus à la bousculer. Tous les prétextes sont bons pour provoquer l’autre. Cela commence souvent par une prise de bec, qui dégénère ensuite en véritable bagarre. Coups de parapluie, gifles, griffures, on se tire les cheveux à qui mieux mieux et on n’hésite plus à se donner des coups de poing et de pied… Dans certaines situations, la femme se comporte désormais comme un vrai macho, et tout cela sans se soucier du qu’en dira-t-on », souligne Rajen Suntoo.

Il ajoute que, parfois, lorsqu’une bagarre éclate entre deux femmes, leurs amies respectives entrent dans la danse et n’hésitent pas à prendre part à la querelle. Cela se transforme vite en véritable bataille rangée entre deux clans. « Ce genre de bagarres se produit souvent parmi les bandes d’étudiantes. »

Il va plus loin dans son explication : ce phénomène est quelque peu lié, est le résultat des pouvoirs que la société accorde aux femmes. « Certaines se croient alors tout permis, elles font même usage de violence et en viennent naturellement aux mains. La colère est un sentiment tout ce qu’il y a de plus humain. Certains le manifestent plus que d’autres. Il arrive aussi que les circonstances rendent propice l ce genre d’explosion de sentiment. Aujourd’hui, on évoque davantage ‘l’empowerment’ de la femme. Certaines, hélas, en font mauvaise usage.

Elles se sentent en position de force, de pouvoir, et croient se donner plus d’importance en se comportant en homme en public. Elles n’hésitent donc plus à en venir aux mains. Pour ces femmes, cette réaction est naturelle, surtout quand on évoque l’égalité des genres », dit Suntoo.
Le sociologue indique que ce comportement violent apparaît de plus en plus tôt. Les filles se bagarrent à cause des petits copains, par jalousie et pour d’autres conflits, dans les cours de récré et les lieux publics, sur les gares d’autobus.

Pour les garçons, plutôt voyeurs, cela représente des spectacles alléchants. De plus, les filles, entre elles, au lieu de s’interposer et de calmer les choses, au contraire, encouragent l'antagonisme entre les groupes respectifs. On se croirait alors à la télé, à observer un combat de ‘wrestling’, combats dont sont friands les jeunes aujourd’hui.

‘Anger Management’
Shenaz Bibi Sooba (PMSM), la présidente du Centre Communautaire Gabriel Martial à Plaine-Verte, Board Member de la National Women Entrepreneur Council et de la Commission Nationale du Sport féminin, ainsi qu’officier au ministère de l'égalité des genres, du Développement de l'enfant et du Bien-être de la famille, a été plusieurs fois témoin de rixes entre femmes.

« C’est déconcertant de voir comment les gens, en particulier les hommes, se réjouissent de voir de pareilles scènes de violence entre femmes. Pour ma part, j’ai déjà été témoin d’une bagarre entre femmes. L’une d’elles accusait l’autre de lui avoir volé son mari. C’était dans un supermarché. Elles ont passé un bon moment à s’insulter mutuellement, avant d’en venir finalement aux mains. Elles n’en avaient rien à faire de se trouver dans un lieu public et sous le regard d’autrui. Il a fallu que la sécurité intervienne pour que la querelle cesse », raconte Shenaz.

Autre anecdote. Cela se passait au marché de Port-Louis. Deux femmes se donnaient des coups pour une histoire que Shenaz n’avait pas bien saisie. Elles étaient toutes deux accompagnées de gosses et semblaient l’avoir oublié. Leur règlement de compte importait plus que toute autre chose.

Certaines femmes n’hésitent pas à régler leurs comptes dans l’enceinte de l’école, ajoute Shenaz. « Certains parents règlent leurs conflits entre elles. Si leur enfant a connu un souci avec un de ses camarades de classe, ce sont les mamans qui vident la dispute à coups de poing: « Je ne comprends pas la logique de ce comporte­ment qui, au contraire, contribue à dégrader l’image de la femme. Quel exemple donne-t-on aux enfants. Ils sont sans aucun doute affectés, surtout quand leurs amis assistent à toute cette scène et vont par la suite le taquiner davantage ».

Éducation
 « Attane là to pou conner ki appel moi ! Puis les mamans lancent leurs chapelets d’injures, ou balancent tout ce qui leur tombe sous la main : savates, parapluies, sacs. Je ne vous parle pas du vocabulaire très grossier. Autre cas. Deux femmes se crêpaient le chignon à quelques mètres de la station de police de Beau-Bassin. On eut dit qu’elles faisaient fi des lois. Certes, la femme occupe aujourd’hui une place plus importante dans la société, mais ce n’est pas une raison pour se laisser aller à ce genre de comportement. Elles sont des mères, des épouses, des filles. Il faut avoir le respect de soi, d’autrui et montrer le bon exemple », ajoute-t-elle.

Ce genre de rixe est aussi monnaie courante chez les prostituées du Jardin de la Compagnie, à Port-Louis. Cela intervient lorsque l’une d’elles croit à tort que sa consœur veut lui voler ‘son’ client ou pour d’autres motifs semblables. Ces belles de nuit deviennent alors très agressives.

Au courant de ce problème, Shenaz soutient que le ministère de l'Egalité des genres, du Développement de l'enfant et du Bien-être de la famille, a lancé des campagnes de sensibi­li­sation. Des cause­ries sont destinées aux femmes qui traitent de l’Anger Management’. L’objec­tif est d’édu­quer et de rééduquer les femmes, en parti­culier, celles qui habi­tent dans les régions dites vul­nérables.

« La colère est un sentiment qui affecte tout être humain, hom­me, femme, ou enfant. C’est un sentiment qu’il faut apprendre à maîtriser. C’est pourquoi, nous estimons que ces formations au civisme sont essentielles», affirme Shenaz.

Certaines femmes sont devenues « machos »
D’un point de vue psychologique, le Dr Sadasiven Coopoosamy rejoint les propos du sociologue, Rajen Suntoo. « Les femmes, aujourd’hui, se sentent en position de force, mentalement renforcées. Cette prise de force se traduit désormais dans les faits et gestes.

Longtemps, les femmes devaient se plier à toutes sortes de règles imposées par les hommes. Maintenant elles peuvent s’exprimer librement et certaines poussent le bouchon trop loin. Oui, nous prônons, certes, l’égalité des genres, mais pas la violence. Cela ne veut pas non plus dire que quand un homme se bat, c’est bien, et quand c’est une femme qui le fait, c’est mal. Non, la violence est condamnable à tous les niveaux », indique le psychologue.

« Les femmes se sachant désormais égales aux hommes veulent montrer ce nouveau statut dans la pratique, sauf qu’elles le font mal. Ce n’est pas en se bagarrant qu’elles prouveront quoi que ce soit… »
« Nous avons tous des accès de colère, des conflits refoulés à l’intérieur de soi qu’il nous faut exprimer. La violence n’est pas la solution. Il faut que ces femmes apprennent à se contrôler. Oui, il y a des rixes entre femmes. Il y a également des femmes qui n’hésitent pas à tabasser des hommes. Certaines d’entre elles sont devenues des ‘machos’. Pour elles, tout se résout avec les mains et les insultes. Pourtant, la plupart des bagarres commencent bêtement, avant de dégénérer rapidement », soutient le Dr Sadasiven Coopoosamy.

Il existe aussi de nombreux clips vidéo de bagarres entre femmes qui circulent sur les portables des jeunes ou sur le net. Ce phénomène de crêpage de chignon inspire même certains comédiens. ‘Voler Kilot’ est l’un de ces clips qui a bien marché et qui a été réalisé par des Mauriciens. Il montre deux femmes se bagarrant pour une simple histoire de culotte volée sur la corde.

Vous pouvez visionner le clip en tapant le titre sur ‘youtube’. Gifles, coups de poing, ces deux voisines se tirent par les cheveux dans leur cour commune et frappent même leurs maris qui tentent de s’interposer. Bonne partie de rigolade, diriez-vous. Figurez-vous que de telles scènes se passent aussi dans la réalité. Là, cela devient alors moins marrant, notamment pour les victimes.

Ce ne sont pas Elizabeth C, 28 ans, et Savriti M, 32 ans, qui diront le contraire. Les deux femmes se rappellent avoir été agressées en pleine rue par une autre femme pour une histoire de mec et d’argent. Personne ne s’est interposé et les victimes n’ont pu compter que sur elles-mêmes pour se sortir de « ce calvaire ».

« Je suis divorcée. Je vis en concubinage avec un homme. Je sais qu’il a eu d’autres femmes dans sa vie. Mais, je n’en ai jamais rencontré aucune, jusqu’à ce qu’une inconnue m’agresse verbalement en public avant d’en venir aux mains. Elle m’accusait d’avoir volé ‘so galant’. Au début, j’étais choquée. Elle usait d’un langage grossier. Je ne voulais pas m’abaisser à son niveau.

Quand elle a commencé à me donner des coups de poing et à me gifler, en plein centre de Curepipe, j’ai vu rouge et je me suis défendue. Nul n’est venu en aide. Je me suis tiré d’affaires et je me suis rendue au poste de police. Elle m’avait griffée au visage et m’avait fait des bleus sur le dos. Je ne comprends pas comment une femme puisse se com­porter ainsi. Je ne suis pas prêt d’oublier cette mésa­venture», confie Elizabeth, comme encore sous le choc.

The Bad Girls Club :  Téléréalité sur les bagarres entre femmes
Les bagarres entre femmes fascinent. Au point qu’après les femmes catcheuses sur le ring de la ‘World Championship Wrestling’, voici maintenant une émission de téléréalité qui leur est consacrée. L’émission The Bad Girls Club, réunit sous un seul toit sept femmes arrêtées pour violence et problèmes psychologiques. Forcément, la situation dégénère bien vite. Dans une séquence, on aperçoit deux filles, Judy et Priscilla, qui se battent suite à la dégradation d'un mur. Devant tant de violences entre les deux jeunes filles, la production a dû faire intervenir la sécurité !

Cette téléréalité américaine a démarré en 2006. Six saisons complètes ont été diffusées. Véritable succès, l’émission a boosté l’audimat de la chaîne ‘Oxygen’. On en est maintenant à la septième saison. Le casting de la huitième a démarré en avril 2011. Certaines femmes n’ont pu compléter leur saison respective ne pouvant plus supporter le comportement de leurs colocataires. Il y a toujours pire que soi...

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